Honoré Balzac, dit
Honoré de Balzac, né à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an 7) et mort à Paris le 18 août 1850, est un romancier, critique littéraire, essayiste, journaliste et écrivain français.
Il est considéré comme l'un des plus grands écrivain français dans le domaine du roman réaliste, du roman philosophique et du roman fantastique par Gérard Gengembre, G. Vannier, le philosophe Alain, et Albert Béguin. Charles Baudelaire voyait en lui un visionnaire.
Mais il est difficile à classer dans l'une ou l'autre catégorie, son œuvre couvrant un champ si vaste que les critiques, tant de son siècle que du siècle suivant, passeront beaucoup de temps à lui chercher une étiquette appropriée sans y parvenir.
Il élabora une œuvre monumentale,
la Comédie humaine, cycle cohérent de plusieurs dizaines de romans, nouvelles, contes philosophiques dont l'ambition était de décrire de façon quasi-exhaustive la société française de son temps ou, selon la formule célèbre, de faire « concurrence à l'état-civil ». Il n'hésita pas, en pleine Monarchie de Juillet, à afficher ses convictions légitimistes.
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BiographieOrigine, jeunesse et années de formation La Trinité et le clocher St Martin de Vendôme.
De 1807 à 1813, Honoré est pensionnaire au collège des oratoriens de Vendôme puis externe au collège de Tours jusqu'en 1814, avant de rejoindre cette même année, la pension Lepitre, située rue de Turenne à Paris, puis en 1815 l'institution de l'abbé Ganser, rue de Thorigny. Les élèves de ces deux institutions du quartier du Marais suivaient en fait les cours du lycée Charlemagne. Le père de Balzac, Bernard François, ayant été nommé directeur des vivres pour la Première division militaire à Paris, la famille s'installe rue du Temple, dans le Marais, qui est le quartier d'origine de la famille (celui de la grand-mère Sallambier).
Le 4 novembre 1816, Honoré de Balzac s'inscrit en droit afin d'obtenir le diplôme de bachelier trois ans plus tard, en 1819. En même temps, il prend des leçons particulières et suit les cours à la Sorbonne. Toutefois, son père jugeant qu'il fallait associer le droit pratique à l'enseignement théorique, Honoré passe ses trois ans de droit chez un avoué, ami des Balzac, Jean-Baptiste Guillonnet-Merville, homme cultivé qui avait le goût des lettres. Le jeune homme exerce le métier de clerc de notaire dans cette étude où Jules Janin était déjà
saute-ruisseau. Il utilisera cette expérience pour créer le personnage de Maître Derville et l'ambiance chahuteuse des
saute-ruisseau d'une étude d'avoué dans
le Colonel Chabert. Une plaque rue du Temple à Paris témoigne de son passage chez cet avoué, dans un immeuble du quartier du Marais.
Les premiers écrits Portrait d'Honoré de Balzac vers 1825, attribué à Achille Devéria.
C'est en fréquentant la Sorbonne que le jeune Balzac s'éprend aussi de philosophie. Comme il affirme une vocation littéraire, sa famille le loge dans une mansarde et lui laisse deux ans pour écrire : Balzac s'efforce de rédiger une tragédie en vers, dont le résultat,
Cromwell, se révèle décevant. L'ouvrage est médiocre et ses facultés ne s'épanouissent pas dans la tragédie.
Il se tourne vers une autre voie, celle du roman. Après deux tentatives maladroites mais proches de sa vision future, il se conforme au goût de l'époque et publie des romans d'aventure, qu'il rédige en collaboration et caché sous un pseudonyme. Cette besogne n'est guère palpitante mais forge déjà son style. En 1822, il devient l'amant de Laure de Berny,
La Dilecta, qui l'encourage, le conseille, lui prodigue sa tendresse et lui fait apprécier le goût et les mœurs de l'Ancien Régime. Début 1825, toujours méconnu mais désireux de gloire, Balzac s'associe à un libraire et achète une imprimerie : il fréquente ainsi les milieux de l'édition, de la librairie, dont il dressera d'ailleurs une satire féroce et précise dans
Illusions perdues. Son affaire se révèle un immense échec financier : il croule sous une dette s'élevant à cent mille francs. Rembourser la dette sera pour lui un souci perpétuel.
L'écrivain reconnu Laure Junot, duchesse d'Abrantès.
Après cette faillite, Balzac revient à l'écriture, pour y connaître enfin le succès : en 1829, il offre au public la
Physiologie du mariage, considérée comme une « étude analytique », et le roman politico-militaire
les Chouans. Ces réussites sont les premières d'une longue série, jalonnée d'œuvres nombreuses et denses : la production de Balzac est l'une des plus prolifiques de la littérature française. Il continue de voyager et de fréquenter les salons, notamment celui de la duchesse d'Abrantès, avec laquelle il avait commencé une orageuse liaison en 1825 et à qui il tenait lieu également de conseiller et de correcteur littéraire. La dédicace de
la Femme abandonnée s'adresse à elle.
Ewelina Hańska peinte par Holz Sowgen en octobre 1825.
En 1832, intéressé par une carrière politique, il fait connaître ses opinions monarchistes et catholiques et repose sa doctrine sociale sur l'autorité politique et religieuse. En janvier 1833, il commence sa correspondance avec la comtesse Hańska, une admiratrice polonaise. Il ira la voir plusieurs fois, en Suisse, en Saxe et même en Russie. Sa correspondance avec elle s'échelonne sur dix-sept ans, réunie après sa mort sous le titre
Lettres à l'étrangère.
De 1830 à 1835, il publie de nombreux romans :
la Peau de chagrin (1831),
Louis Lambert (1832),
Séraphîta (1835),
la Recherche de l'absolu (1834, 1839, 1845), qu'il considère comme des romans philosophiques. Dans
le Médecin de campagne (1833), il expose un système économique et social.
Gobseck (1830),
la Femme de trente ans (1831),
le Colonel Chabert (1832-35),
le Curé de Tours (1832) inaugurent la catégorie « études de mœurs » de son œuvre. Dans cette même voie, il approfondit encore le réalisme de ses peintures et dessine de puissants portraits de types humains. Avec
Eugénie Grandet (1833) et
le Père Goriot (1834-1835), il offre consécutivement deux récits, plus tard élevés au rang de classiques. Il reprend en décembre 1835 la revue
la Chronique de Paris, dont la publication est suspendue six mois plus tard : ses dettes sont encore alourdies par ce désastre, mais cela n'a aucune répercussion sur son activité littéraire.
La Comédie humaine.Le Père Goriot marque d'ailleurs le retour de protagonistes déjà connus : Balzac va désormais lier entre eux les récits, en employant plusieurs fois les mêmes figures, creusant leur personnalité. Cette récurrence de personnages l'amène à penser la composition d'une œuvre cyclique « faisant concurrence à l'état civil ». Il rêve d'un ensemble bien organisé, segmenté en études, qui serait la réplique de sa société. Il veut embrasser du regard toute son époque et l'enfermer dans sa
Comédie humaine. Toutefois, en 1837, le titre qu'il envisage est plus austère :
Études sociales.
Il continue l'élaboration de son récit, taillant les pierres qui formeront son édifice : il publie
le Lys dans la vallée (1835-1836),
Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau (1837),
la Maison Nucingen (1838),
le Curé de village,
Béatrix (1839),
Ursule Mirouët (1841).
La rédaction d'
Illusions perdues s'étend de 1837 à 1843.
En 1838, avec notamment Victor Hugo, Alexandre Dumas et George Sand, il fonde la Société des gens de lettres (actuellement sise en l'Hôtel de Massa, rue Saint-Jacques à Paris), association d'auteurs destinée à défendre le droit moral, les intérêts patrimoniaux et juridiques des auteurs de l'écrit
. Il en deviendra le président en 1839.
En 1842, les
Études sociales deviennent
la Comédie humaine. Les publications continuent, à un rythme régulier.
Les dernières années et la mort La comtesse Hanska et son chien à Saché par Ferdinand Georg Waldmüller, en 1835.
En 1847 et 1848, Balzac séjourne en Ukraine chez la comtesse Hańska. De plus en plus souffrant, Honoré de Balzac épouse Mme Hańska à Berditchev le 14 mai 1850 et les époux s'installent à Paris le 21 mai. Il meurt le 18 août 1850 à 23 heures 30, trois mois plus tard, éreinté par les efforts prodigieux déployés au cours de sa vie. Son œuvre, si abondante et si dense, exigeait un travail vorace. La rumeur voudrait qu'il eût appelé à son chevet d'agonisant Horace Bianchon, le grand médecin de
La Comédie humaine : il avait ressenti si intensément les histoires qu'il forgeait que la réalité se confondait à la fiction. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 48), où Victor Hugo prononça un discours en forme d'oraison funèbre. En 1855, M
me de Balzac publie
les Paysans (écrit en 1844 et inachevé). En 1854, Charles Rabou complète et publie
le Député d'Arcis (écrit en 1847 et inachevé) et
les Petits bourgeois (inachevé). En 1877 sont publiées ses œuvres complètes, en 24 volumes.
Balzac inventeur du roman moderneEn couvrant tous les genres, fantastique et philosophique avec
la Peau de chagrin,
Louis Lambert,
Histoire des Treize, Séraphîta, réaliste avec
le Père Goriot,
Illusions perdues,
Splendeurs et misères des courtisanes, poétique avec
le Lys dans la vallée,
la Grenadière, Balzac a produit une œuvre titanesque qui servira de référence à son siècle et au siècle suivant, donnant ainsi ses lettres de noblesses à un genre (le roman), jusque là confondu avec le feuilleton populaire.
Le Lys dans la vallée a été une référence pour
l'Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, et
la Femme de trente ans a inspiré à Flaubert
Madame Bovary.
Balzac a produit peu de feuilletons. Si ses œuvres apparaissent dans les journaux en pré-publication, il a déjà en tête le roman à venir, ou en tout cas une des mille versions qu'il remaniera inlassablement.
Il est surtout obsédé par la construction globale d'un ensemble gigantesque. En cela, il est l'inventeur du
cycle romanesque et des
personnages reparaissants que des auteurs comme Gide, Zola, Proust, Giono reprendront à leur tour. Mais ce n'est pas seulement par le roman qu'il innove, c'est aussi par la variété des formes qu'il adopte : conte, nouvelle, essai, étude, et aussi par le style minutieux qu'on lui reconnaît de nos jours. Le style de Balzac est celui de la précision des termes, de la texture des phrases, de la configuration du mot, les nombreuses corrections apportées à ses œuvres montrent qu'il s'attache de près à l'Écriture. Selon Bernard Pingaud, le roman balzacien ne ressemble guère à l'amalgame de plat réalisme et de romanesque qu'on a pu accoler à ce nom.
Le monde balzacienL'œuvre est indissociable de la vie de l'auteur. Il faut suivre avec précision chacune de ses folies : déménagements, dettes, amours multiples, voyages, emprunt de faux noms, lieux de résidences secrets, séjours dans des châteaux : Saché, Frapesle, fréquentation des banquiers, voyages en Italie, problèmes d'argent, démêlées avec la presse et la critique littéraire, pour comprendre que le moindre détail vécu nourrissait son monde imaginaire et qu'il rendait ainsi la réalité plus vraie qu'aucun réaliste n'avait pu le faire avant lui. Il était capable d'étudier les mille facettes d'un personnage, d'un milieu, d'une situation, de les transposer, de les remodeler et de les restituer plus vrais que nature. Engels disait qu'il avait plus appris sur la société du XIX
e siècle dans Balzac que chez tous les livres des historiens, économistes, et statisticiens professionnels
.L'auteur de
la Comédie humaine était en fait le plus balzacien de tous ses personnages. Il vivait lui-même leur propre vie jusqu'à épuisement. Comme pour Raphaël dans
la Peau de chagrin, chacune de ses œuvres lui demandait un effort si considérable qu'elle rétrécissait inexorablement son existence, conséquemment très courte.