Les diphtongaisons spontanées
Les diphtongaisons spontanées sont celles qui ont lieu sur une voyelle tonique libre (c'est-à-dire non entravée) :
EX :
=> /kab
állus/ = 3 syllabes /ka-b
ál-lus/ Le /
á/ est entravé par la liquide /l/ qui empêche ainsi sa dipthongaison : /kab
állus/ > /
šev
al/. On retrouve bien en FM la même voyelle, le même son /a/.
=> /k
ánis/ = 2 syllabes /k
á-nis/ La /
á/ est libre, il peut donc diphtonguer : /k
ánis/ > /
šy
ẽ/. On remarque bien que le /a/ de /k
ánis/ ne se retrouve pas en FM : la voyelle tonique libre a évoluée.
Il existe 5 diphtongaisons spontanées. Le /e/ et le /o/ vont diphtonguer différemment selon qu'ils sont bref ou long en latin, c'est-à-dire ouvert ou fermé en AF.
1. Diphtongaison spontanée du /ĕ/
/ĕ/ > BQ au 2ème s. /ę/ > la voyelle tonique s'allonge jusqu'à segmentation (le 1er /ę/ porte l'accent tonique) au 3ème s. /ęę/ > différenciation des 2 parties de la diphtongue par fermeture de 2 degrés du 1er élément (l'accent porte toujours sur le 1er élément) /íę/ > rapprochement du lieu d'articulation par fermeture d'1 degré du 2d élément (l'accent est toujours sur le 1er élément) au 7ème s. /íẹ/> l'accent bascule sur le 2d élément de la diphtongue au 13ème s. /iẹ/ > l'élément devenu atone passe à la semi-consonne correspondante /yẹ/ > loi de position (ouverture du 2ème élément de la diphtongue s'il est en syllabe fermée) au 16ème s. /yę/2. Diphtongaison spontanée du /ŏ/
/ŏ/ > BQ au 2ème s. /o/ (ouvert) > la voyelle tonique s'allonge jusqu'à segmentation (le 1er /o/ porte l'accent tonique) au 3ème s. /oo/ (ouverts) > différenciation des 2 parties de la diphtongue par fermeture de 2 degrés du 1er élément (l'accent porte toujours sur le 1er élément) /ύo/ (ouvert) > rapprochement du lieu d'articulation par fermeture d'1 degré du 2d élément (l'accent est toujours sur le 1er élément) au 7ème s. /ύọ/ > nouvelle différenciation par antériorisation de 2 degré du 2d élément /ύẹ/ > rapprochement du lieu d'articulation par antériorisation d'1 degré du 1er élément au 11ème s. /ǘoẹ/ > l'accent bascule sur le 2d élément de la diphtongue au 13ème s. /üóẹ/ > l'élément devenu atone passe à la semi-consonne correspondante /ẅóẹ/ > monophtongaison de la diphtongue /óẹ/ > loi de position au 13ème s. /óę/ 3. Diphtongaison spontanée du /á/
/á/ > la voyelle tonique s'allonge jusqu'à segmentation au 5ème s. /áa/ > différenciation des 2 parties de la diphtongue par fermeture d'1 degré du 2d élément /áę/ > monophtongaison précoce inexpliquée au 7ème s. /ę/ > fermeture d'1 degré de la voyelle tonique au 11ème s. /ẹ/ > ouverture d'1 degré de la voyelle tonique au 13ème s. /ę/4. Diphtongaison du /ē/
/ē/ > BQ au 2ème s. /ẹ/ > la voyelle tonique s'allonge jusqu'à segmentation au 6ème s./ẹẹ/ > différenciation des 2 parties de la diphtongue par fermeture d'1 degré du 2d élément /ẹi/ > rapprochement du lieu d'articulation par vélarisation de 2 degrés du 1er élément (l'accent est toujours sur le 1er élément) au 11ème s. /ọi/ > nouvelle différenciation par fermeture d'1 degré du 1er élément de la diphtongue au 12ème s. /ύẹ/ > l'accent bascule sur le 2d élément de la diphtongue au 13ème s. /uẹ/ > l'élément devenu atone passe à la semi-consonne correspondante /wẹ/ > dans la langue populaire, le 2ème élément de la diphongue s'ouvre d'1 degré /wę/ > 2ème ouverture d'1 degré du 2d élément de la diphtongue dans la langue populaire /wá/ (au 16ème s. la langue savante rejoint la prononciation de la langue populaire) 5. Diphtongaison spontanée du /ō/
/ō/ > BQ au 4ème s. /ọ/ > la voyelle tonique s'allonge jusqu'à segmentation au 6ème s. /ọọ/ > différenciation des 2 parties de la diphtongue par fermeture d'1 degré du 2d élément /ọu/ > rapprochement du lieu d'articulation par vélarisation de 2 degrés du 1er élément (l'accent est toujours sur le 1er élément) au 11ème s. /ẹu/ > nouvelle différenciation par vélarisation d'1 degré du 1er élément de la diphtongue /óẹu/ > monophtongaison au 13ème s. /óẹ/Possibilité d'évolution différente : /ọ/ > au 6ème s. /ọu/ > au 11ème s. /u/ (comme dans amorem > amour)