Marie-Magdeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette, plus connue sous le nom de
Madame de La Fayette, est une femme de lettres française. Elle est née le 16 mars 1634 à Paris, morte le 25 mai 1693. Elle a écrit le premier roman historique français,
La Princesse de Clèves, souvent considéré comme le premier roman moderne.
BiographieElle est née dans une famille de petite noblesse, mais riche qui gravite dans l’entourage du cardinal de Richelieu. Sa mère, fille d’un médecin du roi, est au service de la duchesse Marie-Madeleine d'Aiguillon. Son père, Marc Pioche de la Vergne, écuyer du roi, meurt alors qu’elle n’a que quinze ans. L’année suivante, elle devient dame d’honneur de la reine Anne d’Autriche. Elle commence également à acquérir une éducation littéraire avec Ménage qui lui enseigne l’italien et le latin. Ce dernier l’introduit alors dans les salons littéraires en vogue de Catherine de Rambouillet, de la Marquise du Plessis-Bellière et de Madeleine de Scudéry.
En 1650, sa mère se remarie avec Renaud de Sévigné, l’oncle de Marie de Sévigné ; les deux femmes deviendront « les plus chères amies du monde » pour toujours.
En 1655, elle épouse François Motier, comte de La Fayette dont elle aura deux fils. Elle l’accompagne dans ses domaines familiaux en Auvergne et dans le Bourbonnais bien qu’elle retourne fréquemment à Paris où
elle commence à s’introduire dans la société de la cour et à ouvrir avec succès son propre salon. Leur bonheur conjugal semble avoir sombré après quelques années de mariage, après la naissance de leurs fils, date où François de La Fayette semble littéralement avoir disparu.
La Bruyère a résumé ainsi cette étrange situation : « Nous trouvons à présent une femme qui a tellement éclipsé son mari, que nous ne savons pas s’il est mort ou en vie… »On compte, parmi les connaissances de Marie-Madeleine de La Fayette, Henriette d'Angleterre, future duchesse d’Orléans, qui lui a demandé d’être sa biographe ; le Grand Arnauld et les principaux auteurs français Segrais et Huet dont le
Traité de l'origine des romans sera publié en préface de son
Zayde. Au tout début de la Fronde, elle a également été proche du cardinal de Retz.
En 1662 elle fait paraître anonymement
La Princesse de Montpensier.
De 1655 à 1680, elle sera étroitement liée avec La Rochefoucauld dont elle dira :
« M. de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur. » La Rochefoucauld présente Marie-Madeleine de La Fayette à beaucoup de grands esprits littéraires du temps, y compris Racine et Boileau.
1669 voit la publication du premier tome de
Zaïde, un roman hispano-mauresque édité sous la signature de Segrais mais presque certainement dû à La Fayette. Le deuxième volume est apparu en 1671.
Zaïde fut l’objet de rééditions et de traductions notamment grâce à la préface de Huet.
Le roman le plus célèbre de Marie-Madeleine de La Fayette est
La Princesse de Clèves, d’abord édité anonymement en mars 1678. Cette œuvre, dont le succès fut immense, passe souvent pour être le premier véritable roman français et un prototype du début du roman psychologique.La mort de La Rochefoucauld en 1680 puis de son mari en 1683 la conduit à mener une vie sociale moins active dans ses dernières années. Elle s'est clairement retirée de la vie mondaine, afin de se préparer à la mort, avec une perspective eschatologique, très présente à l'époque.
Trois de ses ouvrages ont été édités à titre posthume :
La Comtesse de Tende (1718),
Histoire d’Henriette d’Angleterre (1720) et
Mémoires de la Cour de France (1731).
Le jugement de ses pairs
- « Mme de La Fayette, est la femme qui écrit le mieux et qui a le plus d'esprit. » Boileau
- « Sa Princesse de Clèves et sa Zaïde furent les premiers romans où l’on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grâce. Avant elle, on écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables. » Voltaire, Le siècle de Louis XIV (1751).
- « Sa simplicité réelle est dans sa conception de l’amour ; pour Mme de La Fayette, l’amour est un péril. C’est son postulat. Et ce qu’on sent dans tout son livre (la Princesse de Clèves) comme d’ailleurs dans la Princesse de Montpensier, ou la comtesse de Tende, c’est une constante méfiance envers l’amour (ce qui bien entendu est le contraire de l’indifférence). » Albert Camus, Carnets (1964).
- « Tout en elle nous attire, la rare distinction de son esprit, la ferme droiture de ses sentiments, et surtout, peut-être, ce que nous devinons au plus profond de son cœur : une souffrance cachée qui a été la source de son génie. » Morillot, Le roman du XVIIe siècle.