Le Père Goriot, Honoré de Balzac, 1835
Résumé - Le Père Goriot : Le Père Goriot est un roman d'Honoré de Balzac, écrit en 1834, dont la publication débute dans la Revue de Paris et qui parait en 1835 en librairie. Il fait partie de La Comédie humaine.
Les thèmes abordés par ce roman sont les suivants :
- Paris sous la Restauration
- La condition des femmes et le mariage
- Le drame de la paternité
- La critique de la société
- Le pouvoir corrupteur de l'argent.
Les personnages : Au début de l'année 1819, la maison Vauquer, près du Panthéon, à Paris, abrite plusieurs pensionnaires de caractères très différents :
- Vautrin, un sombre individu plein de roueries, prêt à tout pour de l'argent,
- le père Goriot, un vieillard quelque peu démuni, qui a fait fortune sous la Révolution dans la fabrication et le commerce de vermicelles,
- Victorine Taillefer, une fille ruinée après le décès de sa mère, car son père lui préfère son frère et l'a déshéritée, qui vit avec une parente, Mme Couture
- Eugène de Rastignac, un étudiant, venu de sa Charente natale poursuivre ses études de droit à Paris.
- Mlle Michonneau, femme avide et peu morale
- Poiret, un homme qui contribue à une conversation en répétant toujours ce que les autres viennent de dire.
L'histoire :À Paris, à la fin de l’année 1819, dans une pension bourgeoise, lépreuse et nauséabonde, de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, vit un groupe de pensionnaires, où, à côté de figures banales et grotesques, s’entrevoient des âmes puissamment originales, dont la rencontre fait pressentir des drames poignants. Eugène de Rastignac, jeune noble débarqué de son Périgord natal et venu faire son droit et sa fortune à Paris, étudiant pauvre en attendant, mais ambitieux, y coudoie le père Goriot et Vautrin sur lesquels des scènes étranges lui donnent quelques aperçus singuliers.
L’ancien vermicelier Goriot est arrivé nanti d’une belle rente, Madame Vauquer s’étant d’ailleurs laissée aller à rêver de devenir Madame Goriot pour quitter enfin ce pauvre quartier de Paris, ce qu’elle ne se pardonne pas car, après avoir occupé le plus bel appartement de sa pension, le vieillard de soixante-neuf ans, taciturne et à l’aspect imbécile, vrai souffre-douleur de la pension, habite à présent une méchante petite chambre au troisième étage et semble avoir dilapidé sa fortune de manière incompréhensible. Rien ne l’enthousiasme plus, si ce n’est la visite, de loin en loin, de deux jeunes femmes richement vêtues et roulant carrosse en qui tous les gens de la pension se refusent de voir ses propres filles. Les suppositions les plus incroyables s’échangent le soir autour de la table où se réunissent les clients de la pension.
Chargé par les pensionnaires de percer le mystère qui entoure le père Goriot, Rastignac, poussé par la curiosité d’abord, par la sympathie ensuite, ne sera pas long à découvrir le pauvre secret du père Goriot. Sa cousine, Mme de Beauséant, qui peut le faire entrer dans la haute société, lui livre le secret du père Goriot. Le bonhomme a pour filles deux des femmes les plus brillantes de la société parisienne, richement mariées et mêlées à des intrigues de toute sorte : Anastasie, comtesse de Restaud ; Delphine, baronne de Nucingen. Leur père, veuf de bonne heure, leur a voué un amour exclusif, aveugle, est animé à leur égard d’une passion paternelle exagérée ; « martyr de la paternité », il s’est dépouillé peu à peu de ses biens en leur faveur, s’est ruiné, s’est condamné à une vie misérable pour leur assurer de somptueux mariages, ses gendres le payant de mépris insolent, ses filles d’ingratitude indifférente.
C’est, pour Rastignac, une première expérience de la vie de Paris. Cependant, Vautrin, colosse de quarante ans, plaisantin mais mystérieux et inquiétant, guette le jeune ambitieux, dont il a deviné les rêves mais qui perçoit confusément que cet homme qui le fascine n’est sans doute pas aussi limpide qu’il veut le laisser croire. Un jour, le prenant à part, disant ne vouloir que son bien, il lui expose brutalement ses théories sociales pour le faire profiter de sa part d’expériences et lui ménager le succès. Il veut réussir, mais « parvenir à une rapide fortune est le problème que se proposent en ce moment de résoudre cinquante mille jeunes gens qui se trouvent dans votre position ». Il lui faut donc jeter bas tout scrupule et atteindre la prospérité par un crime. Or, à la pension, vit obscurément une pauvre fille, Victorine Taillefer, abandonnée par son père, qui réserve toute son affection à son fils et lui léguera une fortune énorme. Vautrin, par d’obscures complicités, fera disparaître le frère préféré, obligera le père à reprendre sa fille, et à la rétablir dans ses droits d’héritière. Que cependant Rastignac se charge de conquérir l’amour de Victorine, et sa fortune est faite.
L’étudiant, mordu au coeur par la tentation, se révolte pourtant contre cette offre abominable. Il cherche à poursuivre ses avantages dans le monde, et se fait présenter aux filles du père Goriot. Il échoue auprès de Mme de Restaud, mais se lie intimement avec Mme de Nucingen, encouragé par l’aveuglement paternel du vieillard qui, pour se rapprocher de sa fille, protège avec une inconscience totale leurs amours.
Le drame se précipite : Vautrin, sûr de faire tomber finalement Rastignac dans son piège, a poursuivi ses intrigues. Mais il ne s’est pas assez méfié de ses voisins de pension. Trahi par une vieille fille, espionne de la police, il est reconnu pour être le forçat évadé « Trompe-la-Mort », et est arrêté le jour même où il a fait tuer en duel le fils Taillefer par un spadassin à sa solde.
Rastignac s’abandonne à sa passion pour Delphine. Mais les deux gendres du père Goriot, avertis des intrigues de leurs femmes, les persécutent et menacent de les réduire à la ruine ; elles viennent implorer le secours de leur père ; elles lui livrent leur secrets les plus douloureux et leurs vanité blessées s’affrontent sous ses yeux. Leur atroce querelle porte au vieillard un coup mortel. Frappé d’apoplexie, il agonise sur son grabat infect. Ses filles ne viennent pas l’assister ou viennent trop tard. Devenu clairvoyant, il maudit les ingrates, les supplie, les rappelle. Il perd la tête ; il meurt enfin, entouré d’Eugène et de Bianchon, étudiant en médecine, qui, seuls, se chargent encore de lui rendre aussi décemment que possible les derniers devoirs. Cet affreux dénouement achève la triste éducation de Rastignac : en bon arriviste qui n’a rien oublié des leçons de Vautrin, après avoir enterré le pére Goriot et avant d’aller dîner chez sa maîtresse, du sommet du cimetière du Père Lachaise, contemplant Paris, mûr désormais pour sa conquête, il s’écrie : « À nous deux maintenant ! »