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 Montaigne

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jenninou
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jenninou


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MessageSujet: Montaigne   Montaigne EmptyLun 20 Aoû - 19:20

Michel Eyquem de Montaigne


ou plus simplement Michel de Montaigne, (né le 28 février 1533, à Bordeaux, Gironde - mort le 13 septembre 1592 au château de Montaigne) était un penseur, un humaniste, un moraliste et un homme politique français de la Renaissance. Il est l'auteur des Essais, premier ouvrage de ce genre.

I/Etudes

Selon Montaigne, il est envoyé en nourrice « à un pauvre village des siens » pour s'y accoutumer « à la plus basse et commune façon de vivre » (Essais, III, 13). À l'âge de trois ans, il peut retourner au château. On lui donne alors comme précepteur un médecin allemand nommé Hortanus, qui a pour ordre de ne parler à Michel qu'en latin, règle à laquelle doit se plier également le reste de la famille. À treize ans, Michel de Montaigne, ne sachant que le latin, est scolarisé au collège de Guyenne à Bordeaux, haut lieu de l'humanisme bordelais, où il apprend le français, le grec, la rhétorique et le théâtre. Il y brille rapidement par son éloquence, par son aisance à pratiquer la joute rhétorique et par son goût pour le théâtre.
On ne sait si c'est à Toulouse ou à Paris qu'il poursuit, probablement entre 1546 et 1554, les études de droit indispensables à ses activités futures. En 1557, on retrouve le jeune Montaigne conseiller à la cour des Aides de Périgueux qui est ensuite réunie au Parlement de Bordeaux. Il y exerce treize ans ses fonctions qui lui valent plusieurs missions à la cour de France.

II/ Premières oeuvres

Très au fait des humanités grecques et par conséquent du Banquet de Platon, il était fidèle ami d'Etienne de La Boétie : à l'origine, il avait écrit les Essais comme écrin pour le Discours de la servitude volontaire de son meilleur ami, qui y faisait l'éloge de l'amitié contre la corruption du pouvoir et des courtisans.
Admirateur de Virgile et de Cicéron, il est un humaniste qui prit l'homme, et en particulier lui-même, comme objet d'étude dans son principal travail, Les Essais, entrepris à partir de 1571 à l'âge de 37 ans. Il y annonce « Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c'est moi que je peins » (« Avertissement au lecteur »). Le projet de Montaigne était de lever les masques, de dépasser les artifices pour se découvrir lui-même.
Travail sans précédent dans sa sincérité et sa saveur personnelle, c'est celui d'un sceptique pour qui sont à bannir les doctrines trop figées et les certitudes aveugles. Son influence a été colossale sur la philosophie française, occidentale et même mondiale.
Durant le temps des guerres de Religion, Montaigne, lui-même catholique, a agi comme un modérateur, respecté par le catholique Henri III et le protestant Henri de Navarre, à qui le liait une solide amitié. En 1577, ce dernier, alors seulement roi de Navarre, nomme — par lettres patentes — Montaigne gentilhomme de sa Chambre.
À partir de 1578, il souffre de la « maladie de la pierre » (calcul rénal).
De 1580 à 1581, il a voyagé en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse et en Italie, tenant un journal détaillé qui décrivait les différences d'une région traversée à l'autre et qui ne fut publié qu'en 1774 sous le titre de "Journal de voyage".

III/ Son oeuvre

Le style de Montaigne est allègre et affranchi : il virevolte d'une pensée à l'autre, « à sauts et à gambades ». Ses considérations sont en permanence étayées de citations de classiques grecs et romains. Il s'en explique par l'inutilité de « redire plus mal ce qu'un autre a réussi à dire mieux avant lui ». Soucieux d'éviter le pédantisme, il évite néanmoins de rappeler à chaque fois l'auteur ou l'œuvre citée, de toute façon connus à son époque. Les annotateurs futurs de son œuvre s'en chargeront.
Il déclare que son but est de « décrire l'homme, et plus particulièrement lui-même (...) et l'on trouve autant de différence de nous à nous-même que de nous à autrui ». Il estime que la variabilité et l'inconstance sont deux de ses caractéristiques premières. « Je n'ai vu, dit-il, un plus grand monstre ou miracle que moi-même ». Il décrit sa pauvre mémoire, sa capacité à arranger des conflits sans s'y impliquer émotionnellement, son dégoût pour les hommes poursuivant la célébrité et ses tentatives pour se détacher des choses du monde pour se préparer à la mort. Sa célèbre devise « Que sais-je ? » apparaît comme le point de départ de tout son étonnement philosophique.
En 1569, il publie à Paris, chez Michel Sonnius, la « Théologie naturelle de Raymond Sebon » dans laquelle il tente de « démontrer la vérité de la foi chrétienne et catholique », en utilisant un procédé littéraire laissant croire qu'il s'agissait d'une traduction du latin en français.
Il montre son aversion pour la violence et pour les conflits fratricides entre catholiques et protestants (mais aussi entre Guelfes et Gibelins) qui avaient commencé à se massacrer conjointement à l'apparition de la Renaissance, décevant l'espoir que les humanistes avaient fondé sur elle. Pour Montaigne, il faut éviter la réduction de la complexité à l'opposition binaire, à l'obligation de choisir son camp, privilégier le retrait sceptique comme réponse au fanatisme. Dans l’un des plus beaux textes qui aient été écrits à son sujet — un passage du dernier livre[1] qu'il ait écrit peu de temps avant de se donner la mort au Brésil, en 1942 — Stefan Zweig disait de lui :

« Que malgré sa lucidité infaillible, malgré la pitié qui le bouleversait jusqu'au fond de son âme, il ait dû assister à cette effroyable rechute de l'humanisme dans la bestialité, à un de ces accès sporadiques de folie qui saisissent parfois l'humanité (...) c'est là ce qui fait la vraie tragédie de la vie de Montaigne. »
Les humanistes avaient cru retrouver dans le Nouveau Monde le Jardin d'Éden, alors que Montaigne déplore que la conquête de celui-ci apporte des souffrances à ceux qu'on tente de réduire en esclavage. « Viles victoires. » Il était plus horrifié par la torture que ses semblables infligeaient à des êtres vivants que par le cannibalisme de ces Indiens qu'on appelait sauvages, et il les admirait pour le privilège qu'ils donnaient à leur chef de marcher le premier à la guerre.
Comme beaucoup d'hommes de son temps (Érasme, Thomas More, Guillaume Budé...), Montaigne constatait un relativisme culturel, reconnaissant que les lois, les morales et les religions des différentes cultures, quoique souvent fort diverses et éloignées, ont toutes quelque fondement. « De ne changer aisément une loi reçue » constitue l'un des chapitres les plus incisifs des Essais. Par-dessus tout, Montaigne est un grand partisan de l'humanisme. S'il croit en Dieu, il se refuse à toute spéculation sur sa nature et, parce que le moi se manifeste dans ses contradictions et ses variations, il pense qu'il doit être dépouillé des croyances et des préjugés qui l'entravent.Ses écrits sont marqués d'un pessimisme et d'un scepticisme rares du temps de la Renaissance. Citant le cas de Martin Guerre, il pense que l'humanité ne peut atteindre la certitude et il rejette les propositions absolues et générales. Son scepticisme est le mieux exposé dans le long essai Apologie de Raymond Sebond (Chapitre 12, livre 2) fréquemment publié séparément des Essais. Pour lui nous ne pouvons pas croire nos raisonnements car les pensées nous apparaissent sans acte de volition : nous ne les contrôlons pas. Nous n'avons pas de raison de nous sentir supérieurs aux animaux. Nos yeux ne perçoivent qu'à travers nos connaissances :


« Si vous demandez à la philosophie de quelle matière est le ciel et le Soleil, que vous respondra-t-elle, sinon de fer ou, avec Anaxagoras, de pierre, et telle étoffe de notre usage ? (Essais, Livre II, chapitre 12) »

« Que ne plaît-il un jour à la nature de nous ouvrir son sein et de nous faire voir au propre les moyens et la conduite de ses mouvements, et y préparer nos yeux ! O Dieu ! Quels abus, quels mécomptes nous trouverions en notre pauvre science. »
Il considère le mariage comme une nécessité pour permettre l'éducation des enfants, mais pense que l'amour romantique est une atteinte à la liberté de l'individu :

« Le mariage est une cage ; les oiseaux en dehors désespèrent d'y entrer, ceux dedans désespèrent d'en sortir. »
Enfin, en éducation, il prônait l'entrée dans le savoir par les exemples concrets et l'expérience, plutôt que les connaissances abstraites acceptées sans aucune critique. Mais il se refuse lui-même en guide spirituel, en maître à penser ; il n'a pas de philosophie à faire prévaloir, se considérant seulement en compagnon de celui qui entame une quête d'identité.
La liberté de penser ne se pose pas en modèle, ni en mètre étalon, elle offre seulement aux hommes la possibilité de faire émerger en lui cette liberté, le pouvoir de penser et de s'assumer jusqu'à la liberté ultime :

« Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à
vivre. (Essais, Livre I, chapitre 20) »

IV/ Quelques citations

Toutes les citations qui suivent sont extraites des Essais de Michel de Montaigne :

  • « La vraie liberté, c'est de pouvoir faire toute chose sur soi ». (Livre III, chapitre 12)
  • « J'aime mieux forger mon âme que la meubler ».
  • « Qui se connaît, connaît aussi les autres, car chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition ». (Livre III, chapitre 2)
  • « Les plus belles âmes sont celles qui ont plus de variété et de souplesse ». (Livre III, chapitre 3)
  • « Il ne se voit point d'âmes, ou fort rares, qui en vieillissant ne sentent l'aigre et le moisi ». (Livre III, chapitre 2)
  • « La vieillesse nous attache plus de rides en l'esprit qu'au visage ». (Livre III, chapitre 2)
  • « La plus subtile folie se fait de la plus subtile sagesse ». (Livre II, chapitre 12)
  • « J'ai vu en mon temps cent artisans, cent laboureurs, plus sages et plus heureux que des recteurs de l'université ».
  • « Penser, c'est être à la recherche d'un promontoire ».
  • « Le droit, c'est d'abord l'art de remplir les interstices. » (Livre I, chapitre 43)
  • « Il n'est aucune si douce consolation en la perte de nos amis que celle que nous apporte la science de n'avoir rien oublié à leur dire, et d'avoir eu avec eux une parfaite et entière communication ». (Livre II, chapitre 8)
  • « Qui veut guérir de l'ignorance, il faut la confesser. Iris est fille de Thaumantis. L'admiration est fondement de toute philosophie, l'inquisition le progrès, l'ignorance le bout ». (Livre III, chapitre 11)
  • « La perfidie peut être en quelque cas excusable : lors seulement elle l'est, qu'elle s'emploie à punir et trahir la perfidie. Il se trouve assez de trahisons non seulement refusées, mais punies par ceux en faveur desquels elles avaient été entreprises ». (Livre III, chapitre 1)
  • « Nos raisons et nos discours humains, c'est comme la matière lourde et stérile : la grâce de Dieu en est la forme ; c'est elle qui y donne la façon et le prix ». (Livre II, chapitre 12)
  • « Les lois se maintiennent en crédit non parce qu'elles sont justes, mais parce qu'elles sont lois ». (Livre III, chapitre 13)
  • « Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens ». (Livre II, chapitre 17)
  • « Personne n'est exempt de dire des fadaises. Le malheur est de les dire curieusement » (Livre III, chapitre 1)
  • « L'accoutumance est une seconde nature, et non moins puissante ».
  • « Je ne peints pas l'estre. Je peints le passage : non un passage d'age en autre, ou, comme dict le peuple, de sept en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute […] » (Livre III, chapitre 2)
  • « J'accuse toute violence en l'éducation d'une âme tendre, qu'on dresse pour l'honneur, et la liberté. Il y a je ne sais quoi de servile en la rigueur, et en la contrainte : et tiens que ce qui ne se peut faire par la raison, et par prudence, et adresse, ne se fait jamais par la force ». (Livre II, chapitre 8)
  • « Les plaisirs de l'amour sont, selon moy, les seuls vrais plaisirs de la vie corporelle ». (Livre II, chapitre 2)
  • « La plus utile et honorable science et occupation à une femme, c'est la science du ménage ». (Livre III, chapitre 9)
  • « Le monde n'est qu'une branloire pérenne ».
  • « Il est peu d'hommes qui osassent mettre en évidence les requêtes secrètes qu'ils font à Dieu ». (Livre I, chapitre 26)
  • « La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Le savoir mourir nous affranchit de toute subjection et contrainte ».
  • « Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive ». (Livre I, chapitre 20)
  • « Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant : "Parce que c'était lui, parce que c'était moi." » (Evoquant son amitié avec Etienne de La Boétie - Livre Ier, chapitre 28)
  • « Penser par soi-même c’est surtout le chemin le plus sûr pour penser à la fois tout seul et comme tout le monde, que de penser par autrui. »
  • « Toute science est dommageable à celui qui n'a la science de la bonté. » (Livre I, chapitre 25)
  • « Le vrai miroir de nos pensées est le cours de nos vies. » (Livre I, chapitre 26)
  • « Qui craint de souffrir, il souffre déjà de ce qu'il craint. » (Livre III, chapitre 13)
  • « L'ambition n'est pas un vice de petis compaignons, et de tels efforts que les nostres » (Livre III, chapitre 10)
  • « Puis que ce n'est par conscience, aumoins par ambition refusons l'ambition ; Desdaignons ceste faim de renommée et d'honneur, basse et belistresse, qui nous le faict coquiner de toute sorte de gens » (Livre III, chapitre 10)
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