Comme d'hab. Goldo tu es trop romantique!!!
Ici Ronsard se projette dans le futur ("quand vous serez" v.1, "Je seray" v.9, "Vous serez" v.11) afin de faire comprendre à sa belle qu'il faut lui céder maintenant ("Regrettant mon amour et vostre fier desdain. [...]Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.") dans une sorte de devise
carpe diem!
La dame se refuse à lui, et Ronsard, pour gagner ses faveurs met en avant le temps qui passe ("Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain" v.13), la beauté qui fane ("Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle." v.4) et l'immortalité de l'écriture ("Benissant vostre nom de louange immortelle." v.
.
On peut percevoir le champ lexical de la mort ("vieille" v.1/11, "soir" v.1, "sous la terre" v.9, "fantaume sans os" v.9, "ombres myrteux" v.10, "repos" [employé ici en litote] v.10) associé aux verbes à l'imparfait ("celebrait" v.4, "étais" v.4) qui s'oppose aux mots "vie", qui clôt le sonnet, et à l'adjectif "immortelle" v.8.
L'adjectif est épithète du nom "louange" : ici Ronsard reprend le topos de l'art comme immuable, transcendant la mort. Cette idée est déjà présente dès le v.2 avec l'évocation de l'activité de tissage ("dévidant et filant"). Ronsard reprend ici le mythe des Parques, dévidant et filant la vie des humains sur leurs fuseaux. Il introduit donc ainsi le thème de la vie et de la mort, ainsi que celui de l'activité littéraire. Depuis l'Antiquité l'écriture est métaphorisée par l'activité de tissage (très prisé au Moyen Âge notamment chez Chrétien de Troyes) : écrire c'est tisser des réseaux de connections (à l'intérieur de l'histoire ainsi que dans le réseau commun littéraire : cf tous les romans arthuriens).
Conscient de sa notoriété (dans un élan d'arrogance
) Ronsard se met en scène (à travers la reconstruction d'un "faux" disours direct, v. 4) en train d'émouvoir les femmes rien que par l'entente de son nom (v.5 à 7)! Son nom, grâce à ses vers, restera immortel : l'art plus fort que la mort (sauvant de la mort? cf le sonnet
"Je n'ay plus que les os, un Schelette je semble" ).
Si le mot "amour" vient tardivement dans le sonnet (v.12) il est cependant soigneusement préparé dès le début du poème : "chandelle" v.1, "feu" v.2, "fouyer" v11. Le feu, topos de l'amour, est ici détourné en flamme de la vie. Mais de la vie à l'amour il n'y a qu'un pas (non?) : d'ailleurs, Ronsard ne fait-il pas comprendre à sa douce que vivre s'est aimé (et que donc elle ferait mieux de l'aimer tant qu'elle vie, qu'elle est jeune et que Ronsard peut la chanter)? Ici l'on retrouve le fameux
"Mignone allons voir si la rose" dont les 3 derniers vers ("Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.")
ressemblent étrangement à nos 2 derniers alexandrins ("Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.").
Qu'en pensez-vous?